Depuis sa parution, il y a une semaine, les commentaires ne cessent de pleuvoir sur le nouveau chef d’œuvre « Les Rêves de Fati » de Richard ADODJEVO, le jeune et prometteur écrivain béninois qui vient une fois de plus confirmer toute la pertinence de son écriture. Nous vous proposons ici la critique d’un sachant, Cha-Toko NAROU N’GOBI, Professeur de Lettres Modernes, Ecrivain traditionnaliste et Chef Service Alphabétisation DDESFTP Borgou.
Deema kun yěkɔ
« La tradition, ce n’est pas un accoutrement d’apparat » qu’on peut porter, enlever et délaisser à sa guise. Nos origines, notre communauté, notre tradition, notre passé, c’est notre essence primordiale et vitale. Notre tradition, c’est notre spiritualité, c’est notre être apparent, c’est notre être profond, c’est notre être intérieur intrinsèque, c’est notre conscient, notre subconscient. Notre tradition, c’est tout ce que nous sommes en nous et tout ce que nous voyons dans les autres. Qui qu’on soit, qu’on l’accepte ou non, notre tradition est entichée en nous et elle trahit chacun de nos errements. C’est du sang, de la chair qui nous colle éternellement à la peau et aux os. Richard ADODEVO l’a si bien démontré dans le fonctionnement de ses personnages. Qu’il soit le plus ou moins comparse Kissira ou l’héroïne Fatimata Damagui, nous découvrons dans leurs actions la fierté d’une identité culturelle reconnue et dignement assumée. C’est indéniable qu’en matière de richesses culturelles matérielles et surtout immatérielles, l’Afrique au sud du Sahara n’a pas d’équivalent sur terre. Même l’Europe voire tout l’Occident ne lui arrive à la cheville. Seulement que les autres ont su mettre à profit le peu dont ils disposent. Contrairement à l’Afrique qui entoure ses immenses connaissances de tabous, de secrets, l’Occident s’ouvre à tous et diffuse les siennes, en grande partie. Ils partagent et combinent à merveille les connaissances à leur portée, créant ainsi un cycle perpétuel d’innovations et de progrès plus ou moins salvateurs pour l’humanité. D’où leur prétention à tout régenter, rien qu’à leurs seuls avantages et privilèges. L’Afrique, depuis des siècles, est restée la zone et l’horizon de chasse des autres civilisations. Et que nous en reste-t-il aujourd’hui ? Juste une infâme alternative : soit s’accepter comme gibier entier offert en ripaille ou en trophée, soit se liquéfier et errer, de songe fantasmé en songe illusoire, comme une évanescente âme en perdition. Cette espérance que le romancier nous offre à lire dans la trajectoire de dame Dansi nourrira pleinement la foi du lecteur. D’ailleurs, Les rêves de Fati se révèle comme un puissant chant d’optimisme. Plaise que nos Ancêtres reprennent corps dans nos esprits tourmentes et atrophies. Plaise à nous, rejetons d’aujourd’hui, de réentendre le son du souffle énergisant des cors de nos Ancêtres qui nous appellent au Rassemblement et à l’Empaillement de l’originelle case ancestrale. Plaise que cette brise maternelle nous bercer de nouveau, nous porter et nous attiser dans la reconquête de nous-mêmes, en vrai.
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